Dans le cadre de la semaine olympique organisée du 20 au 27 juin, les détenus de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis ont pu s’essayer à de nouvelles pratiques sportives.
« Avec cette compétition, ça nous a permis de resserrer les liens sociaux entre nous. On s’encourage, on se donne des conseils… ça remet de la sociabilité en prison. » « Komando »*, détenu à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, ne s’y trompe pas. Le sport permet d’apaiser et de canaliser la détention. Une continuité pour certains mais aussi une découverte pour d’autres, qui n’avaient encore jamais mis les pieds dans un établissement sportif. Sport olympique depuis les Jeux de Tokyo (Japon) l’été dernier, le basket 3×3 se développe petit à petit sur le territoire français. Jusqu’à prendre possession du gymnase Jacques-Anquetil de Fleury-Mérogis pour la première édition de l’Open 3×3 de basket pénitentiaire. Organisé le 22 juin dernier par la Direction interrégionale des services pénitentiaires de Paris et le ministère de la Justice, ce tournoi féminin et masculin regroupait 130 joueurs et joueuses issus de six établissements différents de Fleury-Mérogis, Nanterre, Fresnes, Meaux, Melun et Réau. Et à cette occasion, la Fédération Française de basket-ball avait mis les petits plats dans les grands.
Fleury réalise le doublé
En plus d’un DJ qui a assuré le show durant la journée, chaque équipe avait une dotation de maillot (domicile et extérieur) floquée au nom de la prison qu’elle représentait. Il y avait aussi un uniforme « Unity » pour les équipes constituées de plusieurs détenus de différentes prisons. « Certaines équipes sont composées de détenus et de surveillants. On voulait créer de la cohésion vis-à-vis du personnel. C’est important dans le cadre de la réinsertion du détenu », confie Vincent Saint-Charles, coordinateur sportif régional. Cette journée a offert du beau spectacle.
Entre shoots improbables, passes lasers ou encore crossovers, certains détenus ont assuré le show. Notamment lors des finales, où la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis a raflé la mise chez les filles comme chez les garçons. L’équipe féminine de Fleury s’est facilement imposée face à celle de Réau (6-0). Dans la foulée, l’équipe masculine de Fleury a renversé celle de Meaux (7-3), qui était invaincue jusqu’alors. « On est chez nous ! On est chez nous ! », pouvait-on entendre dans les travées du gymnase floriacumois à l’issue des deux finales de Fleury. La journée s’est terminée par un match « All-star » avec la présence de joueurs et joueuses aguerris venus de toute la région. « Tout s’est admirablement bien passé », se réjouit Vincent Saint-Charles, référent sur le sujet du sport en milieu carcéral.
Une compétition en duplex
Toujours dans ce même cadre de la semaine olympique, la cour de promenade du bâtiment D1 de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis a accueilli la première édition du challenge street workout le 24 juin dernier. Un événement rendu possible par l’association « Impact 2024 », qui a équipé cette espace de plusieurs agrès pour un montant avoisinant les 20 000 euros. Un investissement faisant le plus grand bonheur des détenus. « Parfois en promenade, nous sommes presque deux cents donc il est difficile d’avoir accès aux installations », explique « Fiston », détenu de la prison de Fleury. Mais la compétition a bien failli être reportée à cause de la météo capricieuse. Une fois le rideau de pluie et l’orage passés, les douze athlètes sélectionnés ont pu affronter les concurrents de la Maison centrale de Poissy « dans une ambiance Ninja Warrior pour les plus jeunes ou Intervilles pour les plus vieux », ironise Stéphane Scotto, directeur interrégional des services pénitentiaires. Une manifestation pouvant se suivre en duplex. Une première pour un événement organisé en prison. Tractions, squats, pompes ou encore dips, les détenus ont passé en revue les différents exercices du street workout. « C’est nouveau pour moi. D’habitude, je fais juste des pompes. On espère qu’il y aura ce genre de compétition plus souvent », lance « Komando ». Preuve que l’opération séduction est réussie.
Jérémy Andrieux
* les noms ont été modifiés