Claude François junior : « Mon père est un phénomène unique dans l’histoire de la chanson »

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Claude François junior s’est confié au Républicain, quelques jours avant le week-end d’hommage à son père dans le village de Dannemois.

Le Républicain: Le 11 mars est évidemment une journée chargée en émotion pour vous, mais 45 ans après, l’affection que témoignent les fans et les Français en général, à votre père n’a pas faibli. Est-ce que de voir cette passion qui ne faiblit pas est un réconfort pour vous ?

Claude François junior : « Lui qui avait tellement peur que tout s’arrête avec la mort n’aurait jamais pu imaginer une telle fidélité. Bien sûr c’est réconfortant et même étonnant car aujourd’hui c’est trois générations qui l’ont inscrit dans la bande originale de leur vie.

Le Républicain: Cette année sera marquée par le dévoilement d’une plaque, rebaptisant la rue du Moulin, rue du Moulin de Claude François. Comment ressentez-vous cette décision de la commune qui, enfin, a décidé de donner le nom de votre père à une partie du domaine public ?

Claude François junior : Je salue et remercie l’initiative du maire monsieur Fabien Kees et le travail de la famille Lescure qui tous deux œuvrent depuis des années pour accueillir dans de bonnes conditions les fans et plus généralement le public à Dannemois. Une rue à son nom, pour mon frère et moi, c’est un merveilleux cadeau qui va l’inscrire dans la postérité de ce village.

Le Républicain: M. le maire me rappelait qu’il était scolarisé avec vous et votre frère à l’école du village. Avez-vous des souvenirs, des moments de votre enfance dans le village, qui remontent à la surface quand vous y revenez ?

Claude François junior : Oui ce sont des flashs, effectivement ma première rentrée des classes à l’école de Dannemois, l’épicerie ambulante qui passait en camionnette citroen, klaxonnait au coin de la rue et s’arrêtait devant le moulin c’était l’heure des bonbecs qui arrivaient à domicile !… Nous avions une vie très saine, un potager bio (déjà !) un poulailler… Le ressenti qui les accompagne est celui de la douce insouciance de l’enfance dans cette maison atypique et son jardin extraordinaire traversé par une rivière, baignée de verdure et de soleil dès les beaux jours … Je trouve du reste que le village et ses alentours ont conservé tout leur charme champêtre, c’est la vraie campagne verdoyante à moins d’une heure de Paris!

Le Républicain: Enfin, 45 ans après la disparition de votre père, on entend de plus en plus de voix, on lit de plus en plus d’articles, saluant l’artiste qu’il était. Alors qu’il était souvent qualifié de chanteur « populaire » avec un ton péjoratif par ses détracteurs de l’époque, son travail assidu, le soin qu’il apportait à la production, son adaptation à l’évolution musicale du début des années 60 à la fin des années 70, est enfin reconnu. Une « réhabilitation » satisfaisante ou qui vous indiffère ?

Claude François junior : J’en suis très heureux et remercie tous ceux qui ont participé à cette mise au point, je pense notamment au philosophe Philippe Chevallier et son ouvrage ‘‘La chanson exactement ou l’art difficile de Claude Francois’’ qui fait une analyse remarquable de son œuvre. C’était un authentique musicien, rythmicien et un showman, ses années d’apprentissage, d’expérience dans les orchestres avant son succès ont certainement été déterminantes. Il s’attachait à faire une musique accessible au plus grand nombre avec la plus grande exigence, notamment en s’entourant des meilleurs auteurs, arrangeurs, musiciens, ingénieurs du son et forcément ça finit par faire la différence mais c’est vrai qu’il aura fallu des années pour comprendre que ‘’populaire’’ et qualité n’étaient pas incompatibles.

Le Républicain: L’essentiel, c’est que Claude François est indémodable. On l’entend dans chaque soirée festive en France. Moi-même, né en mai 1978, je l’ai entendu toute ma vie. Pensez-vous que votre père s’imaginait l’impact qu’il avait auprès du public alors et à quel point celui-ci durerait dans le temps ?

Claude François junior : Non dans ses rêves les plus fous c’était inimaginable mais je pense que son atout majeur réside justement dans le caractère festif de son répertoire qui le rend fédérateur. Plusieurs sondages le placent régulièrement comme le chanteur préféré des français pour faire la fête, toutes générations confondues, il totalise actuellement plus de deux millions de streams par mois sur les plateformes, le remix de Magnolias for ever par Fred Falke, figure dans le classement officiel des clubs depuis 10 semaines et a atteint la 4eme place en février, des milliers de personnes vont encore passer la porte du Moulin cette année, objectivement 45 ans après c’est un phénomène de longévité unique dans l’histoire de la chanson.»