Mardi 12 juillet, se tenait l’hommage aux victimes du déraillement de l’intercité Paris-Limoges, il y a trois ans, sur le parvis de la gare de Brétigny-sur-Orge.
« Il pleure dans mon coeur comme il pleut sur la ville. » Ces vers de Paul Verlaine illustraient parfaitement mardi 12 juillet l’état d’esprit des victimes et proches des victimes de la catastrophe de Brétigny réunis pour un hommage aux victimes du déraillement de l’Intercité Paris-Limoges le 12 juillet 2013.
Le témoignage de Florence Jannot, la fille de Régine Jannot, l’une des 7 personnes qui ont perdu la vie le 12 juillet 2013, a rappelé au public présent combien la douleur est toujours présente. « Toute l’année, je remplis mon sac de mon ressentiment et de ma douleur et le 12 juillet, lors de la commémoration je peux le vider », a-t-elle déclaré en préambule avant de décrire « la boule qui crée du vide en moi, et le désespoir qui vole toute mon énergie » et sa crainte qui va grandissante : « Plus le temps passe, plus j’ai l’impression que les responsables vont s’en sortir avec une pichenette sur les doigts ». Florence Jannot a dit comment une fille a tout le temps envie d’appeler sa mère et qu’elle a continué à appeler le numéro de portable de cette dernière jusqu’à ce qu’il soit réattribué à une autre personne.
Cette douleur, les victimes la partagent tous, « Ici, la vie s’est arrêtée de façon effroyable » a appelé Thierry Gomes, président de l’association d’entraide et de défense des victimes de la catastrophe de Brétigny avant d’insister : « Il faut aussi se sortir de ce statut de victime. Nous attendons les conclusions des juges d’instructions mais on ne lâchera rien, on mettra la pression pour que toutes les pistes soient exploitées », a-t-il confié à l’issue de la commémoration.
Car le président de l’association estime qu’il faut assurer, via l’association, « toute la place des victimes, au même titre que l’accusation et la défense ». Dans son discours, plus offensif que celui des années précédentes, il interpelle ainsi les pouvoirs publics, car les trois ans de l’instruction judiciaire ont permis de mettre en évidence « l’état de délabrement avancé, la fatigue, l’usure du réseau bien avant la date de l’accident. Il y avait des manquements connus sans qu’aucune mesure ne soit appliquée. » Fustigeant le « laxisme insupportable », Thierry Gomes a demandé à ce que les « responsables impliqués assument leurs responsabilités », car pour lui, il n’est pas suffisant que seule la SNCF Mobilité et la SNCF Réseau soient poursuivies en tant que personnes morales. Il souhaiterait que des personnes physiques le soient également.
La secrétaire d’Etat d’aide aux victimes, Juliette Méadel, a quant à elle souligné le « drame national » qu’a constitué la catastrophe de Brétigny. « Il nous rappelle que chacun d’entre nous aurait pu être dans ce train ». Répondant à la demande des victimes, elle a insisté sur le besoin d’information et de transparence concernant l’instruction des dossiers de ce type. En juillet 2013, a rappelé la ministre, un coordonnateur national avait été nommé et elle a annoncé que « la catastrophe de Brétigny montre que la prise en charge des victimes, et des intérêts des familles, ne peut être entreprise que si elle intervient dans un cadre professionnalisé. Je souhaite donc constituer un groupe de travail pour identifier les critères permettant de définir le caractère automatique d’activation d’un comité de suivi et de désignation d’un coordonnateur ».
Les élus ont pour la plupart interpellé Guillaume Pépy, président de la SNCF, présent lors de l’hommage, sur la nécessité de rénover les réseaux de la SNCF mais aussi sur la nécessité de financement par l’Etat, telle Valérie Pécresse en sa qualité de présidente de la Région qui a rappelé que 3 millions de Franciliens empruntent chaque jour un Transilien ou un RER.
Un mot ému a été glissé par plusieurs d’entre eux en hommage aux victimes de l’accident de train qui s’est produit ce mardi 12 juillet en Italie, « une terrible concordance des dates », a souligné Nicolas Méary, maire de Brétigny-sur-Orge qui appelle de ses voeux que le nom de sa ville ne soit plus uniquement associé à ce drame.