Basket : Melvin Ajinça et Brice Dessert ont pris de la bouteille

Coéquipiers avec les U15 de Centre-Essonne lors de la saison 2017-2018, les deux Essonniens Brice Dessert (Blois) et Melvin Ajinça (Saint-Quentin) croiseront le fer pour la première fois de leur carrière ce dimanche (14h30), à l’occasion de la 14e journée d’Élite. Rencontre avec les deux gamins de Ris-Orangis et Montgeron, aujourd’hui au plus haut niveau du basket français.

Le Républicain de l’Essonne : « Vous avez tous les deux porté le maillot des U15 élite de Centre-Essonne lors de la saison 2017-2018. Quels souvenirs gardez-vous de cette année ?

Brice Dessert (ADA Blois Basket) : J’en garde de bons souvenirs car, à l’époque, je jouais vraiment pour le plaisir. Je découvrais le basket et il n’y avait que des bons gars dans l’équipe. C’était ma première année avec le club en U15 championnat de France, donc c’était plutôt cool.

Melvin Ajinça (Saint-Quentin basket-ball) : C’était une très belle saison. On avait une équipe complète qui était capable de faire beaucoup de choses. On a réussi à faire pas mal d’exploits malgré le fait que ce soit parfois difficile. On a réussi à bien se comprendre les uns et les autres et à avoir une bonne cohésion d’équipe. Je retiens énormément de positif avec tous les gars de l’équipe. On s’entendait tous bien. Ce sont des souvenirs qui restent gravés.

Le Rép. : Quand on regarde de plus près l’effectif de cette équipe, mis à part vous deux, il y avait aussi Sidy Cissoko (San Antonio Spurs, NBA), Celian Eliezer-Vanerot (Limoges CSP, espoirs) ou encore Kevendy Dullieux (Paris Basket-ball, espoirs). Une sacrée génération…

B.D. : Oui, c’est vrai. A ce moment-là, on ne savait pas trop encore que l’on pouvait atteindre ce niveau-là. Mais il y en avait déjà qui sortaient du lot. Sidy (Sissoko) et Melvin (Ajinça) étaient déjà très forts à l’époque. Moi pas trop, car je venais de commencer le basket. Mais j’avais un gros potentiel.

M.A. : Il y avait énormément de talents dans cette équipe. Sidy (Cissoko), tout le monde le connaît maintenant qu’il a fait son premier match en NBA, qu’il a été drafté par les Spurs, etc. C’est une très bonne nouvelle et on est content pour lui. Brice (Dessert) a extrêmement bien évolué pendant son parcours. Aujourd’hui, il joue en Élite avec du temps de jeu pour s’exprimer. Celian (Eliezer-Vanerot) joue aujourd’hui en espoir. Il a fait une très belle saison l’an dernier et il confirme cette année. Kevendy (Dullieux) s’en sort bien aussi. Il fait son petit parcours de son côté. Je suis tout ça de près et ça fait plaisir de voir que tout le monde progresse bien.

Le Rép. : En terminant troisièmes de votre poule lors de la première phase (5v, 5d), vous validez votre billet pour la poule haute du championnat sans parvenir à vous hisser pour le carré final lors de la deuxième phase. Est-ce que vous avez des regrets ?

B.D. : Bien-sûr ! On voulait tout gagner. On veut toujours faire mieux. Mais après, on a quand même eu des bons moments dans la saison. Je me rappelle des victoires à Mulhouse (80-75) ou encore à Lille (81-61), où l’on avait un retard de 20 points à combler pour se qualifier en poule haute.

M.A. : Il y a toujours des regrets quand on sait que l’on est capable de faire beaucoup mieux. Mais sur cette saison, on s’est bien battus. Notamment lors du match contre Lille qui nous permet de nous qualifier pour la poule haute. Je m’en rappelle car on s’était qualifiés sur un tir au buzzer de Maxime Guibouret. Ce match s’était joué à rien, on s’était battus jusqu’au bout contre le rival de la poule.

L’effectif de Centre Essonne (2017-2018). En haut (de g. à dr.) : Hamza Bouchachi (assistant), Quentin Parisel (préparateur physique), Maé Noel, Thibault Lemoine, Brice Dessert, Melvin Ajinça, Célian Eliezert-Vanerot, Maxime Guibouret, Dominique Laugier (coach). En bas (de g. à dr.) : Sidy Cissoko, Nathan Olayitan, Kévendy Dullieux, Killian De Langhe, Tom Boussarie, Angelo Djamil, Jolan Couffle. ©DR

Le Rép. : Que pensez-vous l’un de l’autre ?

B.D. : Humainement, Melvin est un bon gars ! Il n’est pas prise de tête. Il rigole souvent. Il a la joie de vivre. Niveau basket, c’est quelqu’un qui a un gros potentiel. Il montre de très belles choses en pro, en défense et en attaque avec son tir mi-distance et son drive. Physiquement, il est là et on sent qu’il peut encore beaucoup progresser.

M.A. : C’est vraiment une très belle personne avec une personnalité extraordinaire. J’ai connu Brice étant jeune et je l’ai vu jouer en sélection départementale à Montgeron. Je l’apprécie énormément. Pour ce qui est du basket, j’ai aimé jouer avec lui. Son parcours est impressionnant car il est complètement parti de rien. Il avait des difficultés vu qu’il est arrivé tard. Et pour un intérieur, c’est super dur de s’adapter et de progresser vite. Il a réussi à franchir cette étape. Aujourd’hui, il est en Élite. J’espère qu’il va continuer comme ça et qu’il va aller très loin.

Le Rép. : Avez-vous une petite anecdote à propos de votre ancien partenaire ?

B.D. : Sa coupe de cheveux. À l’époque, il avait une vieille coupe de cheveux (rires). Il avait un début de locks bizarre, car ce n’était pas la bonne longueur, donc ce n’était pas très beau. Mais là, c’est bon, il a la bonne longueur, il a de belles locks. C’est bien mieux !

M.A. : Je vais aussi parler de ses cheveux (rires). La toute première fois où je l’ai vu, c’était à Montgeron, lors d’une sélection départementale. Brice venait de commencer le basket et il avait une touffe de cheveux incroyable. Ça n’a rien à voir avec ce qu’il a maintenant !

Le Rép. : Ce dimanche (14h30) à la salle du jeu de Paume de Blois, vous allez vous affronter pour la première fois au sein de l’élite du basket français. Comment vivez-vous cela ?

B.D. : On est de très bons potes en dehors du terrain, mais sur le parquet, il n’y a plus d’amitiés. Chacun va faire son match et voudra sa victoire. C’est bien car je vais jouer contre un de mes potes et un ancien coéquipier, donc ça donne encore plus envie de gagner.

M.A. : Je suis content. C’est un joueur avec qui j’ai joué. J’ai partagé des bons moments et des bons souvenirs avec lui. De savoir que je vais jouer contre lui au plus haut niveau français, c’est vraiment incroyable.

Le Rép. : Avez-vous un message à faire passer à l’autre avant cette rencontre ?

B.D. : Ouuuh (rires). Je lui dirais « fais attention à toi quand je te pose un écran, car tu risques d’avoir mal ».

M.A. : On verra ça (rires). Je vais juste lui demander de se donner à fond et de faire ce qu’il a à faire. De jouer comme il sait faire et on verra qui gagnera à la fin.

Le Rép : À titre personnel, que pensez-vous de votre début de saison ?

B.D. : Collectivement, on a fait des bons matchs mais aussi des mauvais. Actuellement, notre bilan est de cinq victoires pour sept défaites. Ce n’est pas dégueulasse (sic) mais on peut faire mieux. Le Général Manager et le coach nous le disent souvent d’ailleurs, car ils sont persuadés de notre potentiel. Individuellement, ça va (6,8 points, 3,5 rebonds et 0,4 passe décisive en moyenne). J’ai fait de bonnes choses, même si j’ai mal commencé le championnat. Mais je sais que je dois encore mieux faire. Je dois progresser sur mon intensité, mais aussi techniquement comme le dribble ou encore les lancers francs. Je dois aussi franchir un cap mentalement pour avoir un mental de champion.

M.A. : À titre personnel, je suis content de mon début de saison (8,1 points, 2,8 rebonds et 1,1 passe décisive en moyenne). Je m’attendais à ce que ce soit plus compliqué. J’appréhendais vraiment le niveau de jeu. Le niveau est super dur, mais j’ai réussi à bien m’adapter et je suis content des choses que je suis en train de produire en ce moment. Il faut continuer à travailler et progresser pour être plus performant et impactant. Collectivement, on savait que ça allait être dur, mais on a réussi à accrocher quelques matchs et à en gagner. Il faut continuer comme ça et poursuivre notre progression en défense.

Le Rép. : Vous avez tous les deux joué avec Victor Wembanyama en équipe de France jeunes. Le 22 juin 2023, il a été sélectionné en premier par les San Antonio Spurs lors de la Draft NBA. Est-ce que vous aussi, vous rêvez d’aller jouer outre-atlantique ?

B.D. : Bien-sûr. J’aimerais jouer en NBA. C’est un de mes objectifs. Mais ce n’est pas une fin en soi. C’est bien d’y aller, mais le plus dur, c’est d’y rester et d’y performer. Cependant, il y a encore beaucoup de travail pour y arriver.

M.A. : C’était un rêve avant et c’est devenu un objectif depuis que je suis rentré dans le vif du sujet. Chaque saison, je me donne à fond. J’essaye de progresser individuellement pour être plus complet. Mais même si c’est un objectif, pour l’instant, je n’y pense pas trop. Je me concentre sur ma saison, sur mon plan de jeu personnel à court terme. Mon cousin Alexis (Ajinça, 290 matchs en NBA et 39 sélections en équipe de France) m’aide beaucoup. Il me conseille sur mon plan de jeu et comment gérer ma carrière. Ça m’aide énormément et ça fait plaisir d’avoir un retour d’un membre de ma famille qui a connu le très haut niveau. Il a eu une très belle carrière en NBA et en équipe de France donc c’est un plus. Je le prends avec grand plaisir, car ça m’aide énormément. »

Propos recueillis par Jérémy Andrieux

Jérémy Andrieux
Jérémy Andrieux
Journaliste sportif pour le Républicain de l'Essonne.