Au collège Pablo-Neruda, les enseignants se sentent « méprisés » par l’Education nationale

Jeudi 13 janvier, les enseignants brétignolais répondaient présents à l’appel à la grève lancé par leurs syndicats. Ils estiment ne pas être entendus par  l’Éducation nationale et dénoncent un manque de moyens perpétuel.

« On est là pour que les écoles ne ferment pas, mais à quel prix ? » Le message, formulé par une poignée de professeurs du collège Pablo-Neruda à Brétigny-sur-Orge, s’adresse à Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale. Comme leurs collègues dans toute la France, eux aussi ont répondu présent à l’appel à la grève lancé par les syndicats d’enseignants pour la journée du 13 janvier. 77 % des professeurs ont suivi le mouvement, ce qui représente un taux historique, pour cet établissement qui a l’habitude de se mobiliser à 30 %.

Réunis devant le collège, qui n’était fréquenté que par une centaine d’élèves ce jour-là, ces professeurs d’espagnol, anglais, segpa (section d’enseignement général et professionnel adapté), histoire/géographie/enseignement moral et civique, physique-chimie ainsi que deux aesh (accompagnant des élèves en situation de handicap), témoignent de leur ras-le-bol. Un état d’esprit commun à tous le personnel de l’établissement, allant jusqu’aux agents d’entretien.

Des équipements numériques défectueux

Si les multiples protocoles sanitaires de ce début du mois de janvier – « établis sans aucune concertation« , insistent les enseignants – y sont pour quelque chose, ce n’est pas la seule raison de leur mobilisation. « Notre situation est bancale depuis septembre 2021 avec l’arrêt maladie de notre conseillère principale d’éducation« , explique une professeure de physique chimie. Un contretemps qui les a contraint à se répartir de nouvelles responsabilités. Ce à quoi il faut ajouter, depuis janvier, le manque de surveillants : « On est à un par jour, à cause des cas Covid, alors qu’en temps normal ils sont cinq« , témoigne une professeure d’anglais de cet établissement de 630 élèves. « Le contexte est tendu et les élèves en profitent. Une enseignante s’est faite insulter suite à une remarque sur le masque d’un collégien. Ils sont livrés à eux-mêmes, certains tentent même de faire la grille. » Il y aussi l’infirmière, qui n’est présente uniquement que trois jours sur cinq et est la seule à pouvoir prendre la température des collégiens. Par conséquent, les autres jours, les enseignants n’ont aucun moyen de vérifier. Problématique, sachant que « les familles ont du mal à suivre les protocoles« .

Pour ne rien arranger, le manque de ressources humaines coïncide avec le manque de ressources matérielles. « Le Conseil départemental nous a fourni des équipements numériques. Mais on ne peut pas aller sur les espaces numériques de travail (ENT). Et depuis 15 jours, suite à une mise à jour, les écran restent noirs. » Impossible donc pour les élèves absents de suivre le contenu du cours, sachant qu’en ce moment, le nombre d’élèves par classe descend facilement à 10 sur un total de 30 jeunes. « On ne fait pas grand chose en classe pour ne pas pénaliser les absents, car nous n’avons aucun suivi« , désespère une enseignante. Autre problème encore : la dernière livraison de masques et autotests date du printemps dernier. Depuis, ils n’ont rien eu de plus.

Ils demandent des moyens humains, du dialogue et de l’honnêteté

En définitive, le temps que les enseignants avaient pour habitude d’optimiser pour préparer leurs projets pédagogiques se retrouve désormais mobilisé aussi et surtout pour la crise sanitaire. « En principe, on doit se pencher sur l’organisation du brevet blanc qui arrive très bientôt, mais tout est arrêté. Humainement ce n’est pas possible, cela ne fonctionne pas. » Pour les aider, les professeurs demandent plus de moyens humains, du dialogue et de l’honnêteté afin de retrouver la sérénité. « On espère que [ndlr, Jean-Michel] Blanquer nous entendra.«