Pascal Martinot-Lagarde a décroché son premier titre de champion d’Europe du 110 m haies vendredi soir à Berlin. Vainqueur en 13″17 — sa meilleure performance de la saison —, le pensionnaire de l’ES Montgeron devance le favori Sergey Shubenkov à la photo finish.
Deux millièmes de secondes. C’est l’écart infime qui sépare Pascal Martinot-Lagarde de Sergey Shubenkov à l’arrivée de la finale du 110 m haies des championnats d’Europe. Deux millièmes qui font depuis vendredi soir le bonheur du hurdleur de l’ES Montgeron (26 ans), qu’on n’attendait pas à pareille fête après une année de galère. Victime d’une fracture à un pied l’an passé, il a connu une préparation compliquée, perturbée par des soucis musculaires. Malgré tout, il décroche le titre de champion de France début juillet à Albi (Tarn) puis remporte le 110 m haies de la Coupe du monde par équipe à Londres une semaine plus tard avant de réaliser son meilleur chrono de la saison (13″20) au meeting de Monaco qui en fait un candidat au podium à Berlin. Mais de là à décrocher le titre.
Et pourtant, PML l’a fait à l’issue d’une course très propre. Mieux sorti des starting-blocks que Shubenkov, le protégé de Benjamin Crouzet est au coude à coude avec son adversaire avant de s’imposer sur le fil grâce au fameux « cassé du renard » de Ladji Doucouré, qui consiste à jeter ses épaules au moment de franchir la ligne d’arrivée. Mais à ce moment-là, Pascal Martinot-Lagarde ne sait pas encore qu’il est sur le toit de l’Europe. « Quand je passe la ligne, je ne sais pas que j’ai gagné. Je suis dans l’émotion d’avoir réussi à rapporter une médaille. Je suis au moins fier de moi. Je commence à pleurer, et là, je reçois un drapeau sur mes épaules. J’ai alors entendu le public crier, c’est là que j’ai compris que j’étais champion d’Europe », raconte le quatrième des derniers Jeux de Rio. Il est ainsi le cinquième athlète français champion d’Europe du 110 m haies après André-Jacques Marie (1950), Guy Drut (1974), Stéphane Caristan (1986) et Dimitri Bascou (2016),
Emu aux larmes, PML n’en revenait pas, lui qui, il y a quatre ans à Zurich (Suisse), avait connu une grosse désillusion en terminant 4e de la finale continentale (ndlr : finalement 3e après le déclassement de Dimitri Bascou) alors qu’il était grandissime favori pour le titre, la victoire revenant à… Sergey Shubenkov. Quatre ans après, il a donc pris sa revanche. Il lui reste désormais à aller chercher le titre mondial l’an prochain à Doha et l’or olympique dans deux ans à Tokyo. Ce sera une autre paire de manches. Mais avec PML, on n’est jamais au bout de nos surprises.
Aymeric Fourel