A Gometz-la-Ville, les serres de Beaudreville reprennent vie grâce à un projet de tiers-lieu agricole

Abandonnées depuis dix ans, les serres de Beaudreville reprennent vie sous l’impulsion d’un apiculteur et de son collectif de passionnés. Leur objectif : créer un tiers-lieu agricole ouvert sur le public.

Sous les serres, quelques branchages et mauvaises herbes viennent rappeler une décennie entière passée à l’état de friche. Deux mois seulement après la reprise en main du site, ces fragments d’histoire donnent également une idée de l’ampleur de la tâche qui attend les membres de l’association « Faire vivre les serres de Beaudreville« , dont l’intitulé parle de lui-même. Pourtant, malgré la température hivernale, le site dégage d’ores et déjà une chaleur nouvelle. Un tout petit supplément d’âme, un indéfinissable charme porté par le projet du collectif : faire de cet ancien haut-lieu de l’horticulture, abandonné depuis dix ans, un tiers-lieu agricole bien vivant, incubateur de projets et ouvert au public.

A l’origine de cette flamme, Julien Perrin. En novembre dernier, soutenu notamment par la Safer (Société d’aménagement foncier et d’établissement rural) et le Parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse, l’apiculteur des Molières achète en effet les 6000m² serres en friches, pour un montant d’un peu plus de 300 000 euros. Le début d’une nouvelle aventure mais aussi le terme de dix années de fastidieuses recherches de locaux pour mener à bien son projet de mise en relation concrète des acteurs locaux. « Les agriculteurs vivent dans un monde compliqué et pas uniquement en cette période de crise sanitaire, souligne Julien Perrin. L’un des obstacles majeur est de trouver de l’espace, avec un prix du foncier très élevé. En ayant l’opportunité de mettre en place ce tiers-lieu agricole, je suis heureux de pouvoir aider les gens à ne pas subir le même chemin de croix que le mien de ce côté-là. Sans oublier bien sûr qu’un grand nombre de personnes réunies au même endroit a toujours un aspect stimulant, source d’innovation. »

L’une des serres sera en large partie réservée aux interactions avec le public.

Culture de morilles, apiculture et aquaponie

Passion, connexion et innovation, donc. Tels sont les mots d’ordre de la trentaine de membres actuels du collectif, à l’heure de rechercher de nouveaux partenaires susceptibles de les rejoindre sous les serres de Beaudreville. Avec ses bureaux disponibles, ses immenses serres ou encore son futur Fablab (« Avoir une machine à bois ou une imprimante 3D mises à disposition de tous pour effectuer des réparations n’est pas un luxe. Dans notre domaine, il y a toujours des outils en panne ou qui ne fonctionnent pas« , plaisante Julien Perrin), le lieu semble avoir de quoi attirer les activités agricoles ou para-agricoles des entrepreneurs de la région. « Nous n’avons pas de philosophie arrêtée sur le type ou la taille des activités qui peuvent s’installer. L’objectif est d’avancer dans le réel : des micro-projets peuvent très bien avoir de l’intérêt. De notre côté, nous pouvons proposer de l’accompagnement et du conseil, au-delà des locaux. De manière générale, le plus important est de respecter nos valeurs. »

Julien Perrin (en bleu) et Sylvain Tissier inspectent la culture de morilles.

En attendant de voir les serres se remplir, les premiers arrivants ont déjà investi les locaux. Parmi eux, Sylvain Tissier, qui met en place une culture de morilles « made in » Vallée de Chevreuse. « Enlever les ronces, remettre en place une irrigation, collecter l’eau de pluie : le mois qui s’est écoulé a représenté un vrai défi, explique le professeur de SVT, biologiste de formation. Mais l’objectif primordial du circuit court, d’être le plus « local » possible est rempli« . Au delà de la production de morilles -qui seront par la suite vendues aux consommateurs du coin-, Sylvain Tissier relève également un défi scientifique, puisqu’il expérimente trois méthodes de culture différentes, dans le but de créer, à terme, une souche purement locale du mycélium de morilles (qui vient pour le moment de Savoie, ndlr).

Un lieu très bientôt ouvert au public

Un exemple de projet innovant donc, que l’on peut d’ores et déjà retrouver dans les serres Gometziennes, en compagnie de la culture de thé, de l’aquaponie (une méthode de culture peu développée en France mêlant plantes, bactéries et… poissons) ou bien sûr des premiers amours de Julien Perrin : les abeilles. Une apiculture bien représentée puisqu’un large espace est dévolu à un collectif de sept apiculteurs, regroupés sous la bannière de la marque Apihappy.

Charge désormais à tous ces passionnés de faire fructifier ces premières semaines enthousiasmantes (vous pouvez d’ailleurs les aider en participant à la campagne de financement participatif mise en place pour développer le tiers-lieu), notamment en incluant fortement les premiers intéressés : les habitants des environs. « L’ouverture vers le public est au centre de la réflexion. Bientôt, l’une des serres sera en grande partie réservée aux personnes de l’extérieur, avec des animations, des présentations de projets, un traiteur vegan et bien entendu de la vente de produits locaux.« , conclut l’apiculteur, qui se veut optimiste sur la suite des opérations. De l’innovation, du lien social et la quête d’un mode de vie plus sain. A n’en pas douter, les serres de Beaudreville sont bien en pleine renaissance.

Une partie des membres du collectif « Faire vivre les serres de Beaudreville ».
Robin LANGE
Robin LANGE
Journaliste dans le nord de l'Essonne. Il traite notamment les sujets de Paris-Saclay.