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    Limours : une résistante raconte sa déportation

    Marie-Jo Chombart de Lauwe, a été déportée en Allemagne en 1943 et a passé deux ans dans le camp de concentration de Ravensbrück, en Allemagne. Elle a raconté son histoire à des élèves, vendredi 12 février, à la MJC de Limours.

    Ce matricule lui colle à la peau. 21 706. Cinq chiffres qui l’ont changée, à jamais. Il est 10h à la MJC, la salle est comble et à l’annonce de son nom, les élèves applaudissent Marie-Jo Chombart de Lauwe. « C’est une vraie chance de pouvoir rencontrer quelqu’un comme ça, qui nous décrit ce qu’elle a vécu », explique Maxime, en terminale au lycée Jules-Verne.  Un moment d’euphorie stoppé par un long silence lorsque celle qui a passé deux années dans le camp de Ravensbrück, en Allemagne, raconte son quotidien. Les yeux grands ouverts, et l’oreille attentive, les lycéens écoutent sans broncher.

    « Lors de l’appel du 18 juin, j’avais 17 ans et j’ai fait mes premiers actes de Résistance », explique Marie-Jo Chombart de Lauwe. Le 22 mai 1942, elle est arrêtée dans sa chambre d’étudiante à Rennes et est enfermée à la prison d’Angers. Là-bas, on lui explique que tous les éléments sont rassemblés pour la condamner à mort. « Deux mois et demi plus tard, je suis emmenée à la prison de la santé à Paris et je subis de nombreux interrogatoires. par la Gestapo. Mais je tiens, je ne dis rien et puis je suis enfermée à Fresnes. »

    Les crimes contre l’humanité à la « Kinderzimmer »

    En juillet 1943, à 20 ans, elle est alors déportée au camp pour femmes de Ravensbrück. Elle est catégorisée “NN”. En allemand, Nacht und Nebel, c’est à dire “qui doit disparaître sans laisser de traces”. A son arrivée, elle est choquée par ce qu’elle voit. Des femmes rasées, maigres. Au sein du camp, Marie-Jo Chombart de Lauwe travaille d’abord à la construction de routes puis dans l’usine Siemens. « On nous donnait une soupe à midi car ça ne coûtait pas cher. ça n’était pas assez », précise la nonagénaire. Puis, à l’été 1944, elle est transférée à la “Kinderzimmer”, la chambre des enfants. « Ce que je vais vous raconter là, explique la résistante aux élèves, la voix tremblante, est le pire que j’ai vécu. Ce sont les crimes contre l’humanité. »

    En effet, les bébés sont tués par noyade ou sous les coups des soldats SS. Sur les 580 naissances auxquelles elle a assisté, moins de 40 enfants survivront, dont trois Français « qui sont aujourd’hui grands-pères », ajoute Marie-Jo Chombart de Lauwe. Les femmes sont devenues « des animaux de laboratoires ». Elles servent d’expérimentation à de nouvelles opérations. Un témoignage fort, poignant, que la résistante continue à transmettre.