Après la sortie de son dernier album « Live à Ferber », l’interprète des tubes intemporels « Cargo » ou « A ma place » fait étape à Viry-Chatillon le 12 octobre pour un concert événement. L’occasion de l’interroger sur son métier, sa tournée et la situation du rock français.
Le Républicain : Cette tournée fait suite à votre tout premier album live, ce qui est étonnant après une si longue carrière. Vous n’aviez jamais eu l’envie de le faire avant ?
Axel Bauer : J’en avais envie depuis longtemps à vrai dire, mais ce n’était pas la politique de la maison de disque avec laquelle j’étais sous contrat (Universal, ndlr). Mais même s’il n’y a eu aucune production officielle, beaucoup de vidéos de mes concerts ont déjà circulé, bien sûr.
C’est donc maintenant, avec ce live au studio Ferber.
Nous étions très contents de ce que nous faisions avec mon équipe et nous avons profité du fait que les anciens tubes comme « Cargo » ou « Eteins la lumière » aient beaucoup changé au fil du temps, ils sont vraiment différents de ce qu’ils étaient à leur sortie. Nous avons donc profité de l’accueil du studio Ferber, un grand studio parisien de super qualité, qui nous a permis d’enregistrer le son, mais également de créer de la vidéo. Un point important.
La session a en effet été entièrement filmée, avec une esthétique particulière d’ailleurs. Le côté rétro est il votre choix ou celui du réalisateur ?
Ça a été un parti pris. A vrai dire, les images ont d’abord été tournées en couleur. Certaines images sont d’ailleurs sorties ainsi. Mais le noir et blanc final a été choisi, dans un désir d’uniformité il me semble. De manière générale, nous tenions vraiment à diffuser des images pour les mettre sur YouTube et sur mon site.
Un peu risqué du point de vue des chiffres de vente de l’album, non ?
Je ne sais pas… Les gens qui veulent écouter l’album achèteront l’album, ceux qui préfèrent la vidéo peuvent y avoir accès. C’est certes risqué mais c’est surtout généreux je pense.
Vous êtes donc parti en tournée avec deux compagnons à la basse et à la batterie. Est-ce important de bien choisir ses musiciens quand on part dans une telle aventure ?
Tout à fait, surtout en trio ! Lorsqu’on part en tournée avec un groupe, on ne peut pas espérer que tout le monde soit au top tout le temps, c’est normal. En revanche quand on est que trois sur scène, il faut que tous les musiciens soient au diapason pour procurer de la bonne énergie, pour nous comme pour le public. C’est d’ailleurs pour ça que les trio sont un peu épuisants !
De votre côté, qu’est-ce qui vous épanouit le plus ? Composer, chanter ou jouer de la guitare ?
Je préfère jouer de la guitare. Même si j’aime les autres aspects. Vu le nombre d’heures que j’y passe c’est assez naturel… J’aime vraiment beaucoup ça. Après, ce sont des exercices différents : la guitare est un plaisir presque sensuel, alors que composer est un plaisir intellectuel, presque magique. Si je devais trouver une analogie, je dirais que composer, c’est comme chercher une pépite d’or.
« L’écriture est un peu une phase d’introspection »
Depuis la fin de Noir désir, le rock français a du mal à exister médiatiquement en France entre le rap, l’électro et la variété. Qu’est-ce qu’il manque à la nouvelle génération de rockeurs ?
Ce qu’il manque, c’est qu’aujourd’hui, les gens sont isolés avec leurs ordinateurs, donc solitaires. Dans les années 90, les groupes composaient ensemble. Même si il y en avait toujours un ou deux qui tiraient la couverture à eux car plus talentueux ou je ne sais quoi, il y avait une émulation. L’électro a apporté de super choses mais a dans le même temps amené un peu de solitude.
En plus, le rock est essentiellement une musique « qui se joue », ce qui pose un problème : il faut apprendre à faire d’un instrument, savoir se plaquer par rapport aux autres… Aujourd’hui avec un ordinateur, quelqu’un qui ne connaît pas forcément la musique peut arriver à un résultat plutôt pas mal sans connaître forcément la musique. Je pense que c’est l’un des problèmes de la génération actuelle.
Quels groupes récents écoutez vous justement, pour votre plaisir ?
(Il réfléchit). Pas forcément du rock. Par exemple, j’ai reçu il n’y a pas longtemps l’album « Sortie 21 » de Sammy Decoster que je trouve très bon.
Pour revenir à votre album, il ne contient aucun titre inédit. C’est annonciateur d’un album à venir ?
J’y travaille. Je collabore avec des auteurs et des musiciens en ce moment même.
Pas trop dur de jongler entre concerts et conception d’un album ?
Ce n’est pas faux, puisque l’écriture est un peu une phase d’introspection, on oublie le temps et l’extérieur, on boit trop de café (rires). C’est une autre démarche de jouer en même temps pour l’extérieur, pour le public.
Après, on rentre dans une phase plus calme coté concert qui permet plus d’introspection. Et le fait d’être en tournée offre quand-même un super avantage : j’ai la chance de pouvoir tester un peu les chansons en live. Esquisser de nouvelles choses pour sentir les premières réactions.
D’une manière générale, je suis très satisfait de cette période. Tourner est quelque chose qui me fait du bien. Avant, on composait, on enregistrait, une petite promo puis on enchaînait sur une tournée. Même si le principe existe toujours, c’est aujourd’hui légèrement différent, plus libre. Et quand je suis sur scène, j’ai l’impression de vraiment faire mon métier.
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- Axel Bauer en concert le vendredi 12 octobre, à 20h30, au théâtre de l’Envol. Tarifs de 16 à 24 euros. Réservation sur le site de la ville ou au 01.69.12.62.20.