Neuf prévenus ont été jugés par le tribunal correctionnel d’Evry lundi 19 mars. Des personnes extérieures profitaient de leur accès à la maison d’arrêt pour faire entrer la marchandise. Les peines vont de 900 euros d’amende à trois ans et demi de prison.
L’organisation bien rodée et les sommes empochées auront sans doute attisé les convoitises d’autres détenus. C’est d’ailleurs à la suite de dénonciations anonymes que l’important trafic de stupéfiants, de téléphones et d’alcool a été révélé au grand jour. Ainsi, lundi 19 mars, neuf prévenus comparaissaient devant le tribunal correctionnel d’Evry pour association de malfaiteur au sein de la prison de Fleury-Mérogis. Parmi eux, Christian et Ismail, les codétenus à la tête du trafic condamnés à trois ans et demi de prison, deux employés de la société Elior, qui faisaient entrer les produits ainsi qu’un vendeur de téléphonie. Deux femmes participaient également à ce marché noir : la compagne de Christian, qui gérait les comptes depuis l’extérieur, et une amie chargée d’apporter les téléphones et la drogue au moment des parloirs.
Tout commence en août 2016, quelques mois après l’arrivée de Patrice, un employé d’Elior qui apporte les repas à la maison d’arrêt. Il profite de son accès aux cantines du bâtiment D3 pour cacher de la résine de cannabis dans les poubelles ou les vestiaires. « Je passais les contrôles avec les stupéfiants sur moi. Une fois que je les avais déposés en cuisine, les détenus les mettaient dans les chariots et partaient distribuer les repas dans les étages », explique Patrice, qui a été condamné à deux ans et demi de prison ferme. Le père de famille reconnaît avoir livré 1,2 kg de cannabis à Ismail et 200 grammes à Christian. Il a également fait passer une dizaine d’Iphone et des mini téléphones, aussi grands qu’un briquet, pour le compte de ce dernier. A deux reprises, grâce à l’intervention d’un chauffeur d’Elior, ils utilisent le camion, qui ne passe pas sous un portique de sécurité, pour acheminer des cellulaires dans les bâtiments D3 et D2.
320 appels quotidiens pour l’un des détenus
Derrière les barreaux, Christian gère son business tel un chef d’entreprise et passe, en moyenne, 320 appels par jour ! « Il appelle notre fille tous les soirs en visio-conférence pour l’aider à faire ses devoirs. Cela permet de garder un lien et ça me soulage », raconte Hayate, son épouse, également impliquée dans le trafic et condamnée à un an de bracelet électronique. Depuis le domicile conjugal, elle vérifie les transactions et les montants du compte prépayé. L’économie parallèle est si lucrative qu’elle reçoit un nouveau code tous les jours. Il faut dire que les Iphone, achetés 130 euros, sont revendus 1 000 euros. Quant aux téléphones CZ, commandés auprès du gérant d’un site de téléphonie pour une trentaine d’euros, ils sont achetés 150 euros par les autres détenus. Et il faut compter 200 euros supplémentaires pour une puce.
Nathan, l’entrepreneur spécialisé dans les téléphones, devra payer 900 euros d’amende tandis que le montant s’élève à 1 000 euros pour Marius, le chauffeur d’Elior. Un employé d’une autre société, chargé de la maintenance électrique, a été relaxé au bénéfice du doute.