Ils reconduiront le mouvement jusqu’à obtenir satisfaction. Depuis le 15 janvier, 200 surveillants de Fleury-Mérogis bloquent la maison d’arrêt pour exprimer leur colère et dénoncer les agressions quotidiennes.
Vendredi 19 janvier :
Des nouveaux heurts ont éclaté ce matin entre les CRS et les surveillants de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis. Alors que les agents pénitentiaires entamaient leur quatrième jour de grève, les forces de l’ordre ont forcé le barrage dans la matinée. Vers 7h, ils ont fait usage de gaz lacrymogènes pour tenter d’évacuer les manifestants. Il y aurait également eu des échanges de coups.
« On oppose forces de l’ordre contre forces de l’ordre… C’est lamentable, on est censé être du même côté. Ils oublient parfois que nous récupérons leurs agresseurs lorsqu’ils sont condamnés », a confié Thibault Capelle, secrétaire local de FO-pénitentiaire.
Jeudi 18 janvier :
« On risque notre vie tous les jours, ce ne sont plus de simples agressions mais de véritables tentatives d’assassinat. A chaque porte ouverte, on ne sait pas sur qui on va tomber », confie Jonathan, surveillant pénitentiaire. A l’instar de 200 autres agents de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, il a répondu à l’appel des syndicas Ufap-unsa, CGT pénitentiaire, FO pénitentiaire et Syndicat des surveillants pénitentiaires. Depuis le 15 janvier, ils se mobilisent pour dénoncer le manque d’effectifs et les violences quotidiennes. Un mouvement qu’ils ont décidé de reconduire tous les jours jusqu’à ce que leurs revendications soient entendues.
Les surveillants réclament notamment plus de sécurité suite aux nombreuses agressions survenues ces derniers jours, à Mont-de-Marsan et à Grasse par exemple, ainsi que des moyens plus importants pour gérer les détenus radicalisés. Car le plus grand centre pénitentiaire d’Europe compte 4300 détenus, dont 120 pour des faits liés au terrorisme (des retours de Syrie ou des rabatteurs sont derrière les barreaux, ndlr). « Nous ne sommes que 1300 agents à Fleury. Cela correspond à un surveillant pour 90 détenus, dont cinq radicalisés. Sauf que ces prisonniers demandent une attention particulière que nous ne pouvons pas assumer », poursuit Damien Recourt, membre du Syndicat des surveillants pénitentiaires.
« Les prisons sont des fabriques à djihadistes »
Les agents demandent donc que les détenus pour terrorisme soient rassemblés dans le même secteur et que les surveillants soient mieux formés. En effet, à Fleury-Mérogis, le quartier d’isolement et le quartier d’évaluation et de radicalisation ne peuvent accueillir que vingt détenus chacun. Les autres ? « Ils sont en détention normale », regrette Thibault Capelle, secrétaire local pour FO pénitentiaire.
« Soyons clairs, les prisons sont des fabriques à djihadistes. Nous ne pouvons pas surveiller ce qu’un radicalisé va dire à son voisin de cellule. Il y a quelques jours encore, un collègue a ouvert la cellule d’un détenu radicalisé. Quand ils étaient sur la coursive, le détenu s’est retourné et lui a mis un poing sur l’arcade sourcilière. Sans raison », poursuit Arnaud Arame, de la CGT pénitentiaire.
Pour se faire entendre ce jeudi 18 janvier, les agents ont bloqué les parloirs. Un dispositif qui a rapidement échauffé les esprits des détenus, certains ayant même tenté d’incendier leur cellule. « On ne lâchera rien, on est déterminé. »