«Aujourd’hui, on n’a pas peur d’aller en justice.» Franck Latreille et sa compagne Emmanuelle et leurs deux enfants, Erwann et Azénor, font partie des nombreuses familles française et essonniennes à être touchées par le scandale de la Dépakine. Ce médicament, produit par le laboratoire Sanofi et prescrit aux épileptiques et aux bipolaires, aurait été consommé par plus de 14 000 femmes pendant leur grossesse, dans la seule période de 2007-2014, selon les chiffres d’un rapport de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).
«Emmanuelle est épileptique. Ce traitement, elle le prend depuis ses 23 ans», explique Franck, habitant d’Orsay. En 2008, après avoir engagé une PMA (Procréation médicalement assistée), Emmanuelle attend des jumeaux. Pendant sa grossesse, la jeune femme continue de prendre de la Dépakine, quotidiennement. «Pour réaliser une PMA et une FIV, nous avons été très suivis: généralistes, neurologues, gynécologues… Tous étaient au courant des traitements qu’Emmanuelle prenait, sans exception», affirme le père de famille.
Sur la période 2006 – 2008, le couple rencontre une douzaine de spécialistes «et aucun n’a réagi». Seul un médecin explique que ce médicament peut provoquer une malformation de la colonne vertébrale (appelée spina-bifida) et un risque de fente labio-palatine (bec-de-lièvre). En décembre 2008, les jumeaux naissent prématurément. Erwann né avec un troisième pouce sur la main. «Les médecins m’ont dit que c’était courant», raconte Franck Latreille.
Charlotte Mispoulet
Retrouvez l’intégralité de cet article dans notre édition du jeudi 8 septembre 2016.