Maud Olivier est député de l’Essonne. Maire des Ulis de 2008 à 2012, toujours très engagée pour l’égalité hommes-femmes, elle est à l’initiative de la Loi sur la prostitution votée en avril dernier.
A Tigery, alors que les habitants et le maire sont très remontés contre le réseau de prostitution qui sévit dans la ville, Maud Olivier nous explique en quoi la loi votée est bénéfique pour lutter contre les réseaux de prostitution.
Le Républicain : « Vous habitez les Ulis depuis près de 30 ans et avez été élue députée de la 5e circonscription de l’Essonne en juin 2012. Vous connaissez donc bien le département et la situation à Tigery…
Maud Olivier : Effectivement, ce qui se passe à Tigery n’est pas nouveau. Dans le passé, j’ai travaillé près de la N6 alors je vois très bien ce qu’il s’y passe. Concrètement, c’est du trafic d’êtres humains. La situation n’est ni acceptable pour le maire, ni pour les habitants. C’est pour ça, que cette loi a été mise en place.
Le Républicain : Cette loi pénalise notamment le client d’une amende pouvant aller jusqu’à 1500 euros. La Préfecture de l’Essonne a annoncé en août qu’une action avait été menée conjointement par la gendarmerie et la police. Cinq clients ont été verbalisés. La loi est-elle efficace ?
Maud Olivier : Oui. Cette loi est faite pour que le client soit responsabilisé. Les chiffres de juin montrent que depuis que la loi a été promulguée, 110 clients ont été interpellés. C’est un bon début. Maintenant, il faut absolument que les amendes soient appliquées. C’est aujourd’hui ce qui pêche un peu. Il faut aussi former les magistrats sur ce type d’acte. Aujourd’hui, ce n’est pas leur préoccupation principale et c’est dommage. Les clients doivent être responsabilisés.
Le Républicain : Outre la pénalisation, la loi a également pour objectif de sortir ces jeunes femmes de la prostitution. Les habitants de Tigery se sont plaints que dès le lendemain de l’opération ordonnée par la Préfecture, le réseau avait été remis en place. Est-ce un échec ?
Maud Olivier : Pas du tout. Si elles sont revenues, c’est parce que ce sont des victimes. Elles sont coincées et ne peuvent s’en sortir seules. C’est pourquoi l’objectif de la loi est également d’aider ces jeunes filles à sortir du réseau notamment en leur proposant un accompagnement qui pourrait les aider à se réinsérer. Un parcours de sortie de la prostitution et d’insertion sociale et professionnelle est proposé à toutes les victimes. »