Marraine de la 40e édition du TIM Essonne, Pauline Parmentier (ex-40e joueuse mondiale à la WTA) s’est exprimée sur le tournoi essonnien, son rôle au sein de la Fédération française de tennis et sur sa vision du tennis français féminin.
Le Républicain de l’Essonne : « Vous êtes la marraine de cette édition anniversaire. Comment s’est passée votre nomination ?
Pauline Parmentier : C’est Hugo Lecoq (ndlr : conseiller technique régional) qui m’a contacté et m’a demandé si j’étais disponible au moment du TIM et j’ai ensuite échangé avec Barbara Langlois (ndlr : directrice du Comité de l’Essonne et directrice du tournoi) à ce propos. C’est toujours sympa d’être sollicité et surtout d’être disponible, car avec les calendriers, c’est toujours un peu chargé. Je suis contente de pouvoir être présente sur ce genre de tournoi et de pouvoir les aider sur un événement comme ça et en plus une édition anniversaire.
Le Rép. : Vous avez vous-même participé au TIM en 1999 (ndlr : éliminée au 2e tour). Si on se replace à l’époque, qu’est-ce que ça représentait pour vous ? On peut imaginer qu’un tournoi international à 14 ans, c’est beaucoup de pression.
P.P. : Oui, c’est beaucoup de pression, mais à cet âge-là, je pense qu’on ne s’en rend pas forcément compte. Le projet commence à être bien défini quand on passe professionnel, mais ça reste quand même un peu abstrait à 13-14 ans. Je n’ai pas trop de souvenirs, mais je pense que c’était plutôt des rendez-vous sympas pour se mesurer à l’international. Ce sont des événements qui sont tops, en plus en France, donc c’est super.
Le Rép. : Aujourd’hui, qu’est-ce qui a changé dans la compétition par rapport à il y a 25 ans ? La mentalité des jeunes joueuses ? L’organisation en général ?
P.P. : Je ne pense pas que la mentalité ait forcément changé. Ça s’est peut-être professionnalisé encore plus tôt qu’à mon époque, mais il y avait déjà les Russes, les Tchèques, etc. Tout ça existait déjà. C’était déjà les cibles du tennis féminin. Il n’y a pas de grosse évolution par rapport à ça. Mais dans l’organisation des tournois, tout s’est beaucoup plus professionnalisé. Tout a bien évolué par rapport à mon époque.
Le Rép. : Depuis l’arrêt de votre carrière, vous occupez un poste au sein de la Fédération française de tennis. En quoi consiste-t-il ?
P.P. : Je suis responsable des projets associés filles. C’est-à-dire que j’accompagne les jeunes filles à partir de 15 ans qui sont au CNE (ndlr : Centre national d’entraînement de la FFT) ou qui restent en région pour leur projet, leur scolarité, leur programmation et leur choix d’entraîneur. J’essaye de passer du temps sur le terrain avec celles qui sont au CNE. J’essaye aussi d’avoir une présence sur les tournois français pour voir les filles en match. Mon rôle, c’est de faire le lien avec toutes ces joueuses, âgées de 15 ans et plus, sous la responsabilité d’Ivan Ljubicic (ndlr : responsable du haut-niveau de la FFT).
Le Rép. : Votre présence au TIM n’est donc pas si anodine. Quelles joueuses allez-vous scruter ?
P.P : Je serais là le dimanche pour les filles, donc j’espère qu’il y aura des Françaises en finale pour les voir ! Après, je les suis plus tard dans leur formation, mais c’est intéressant d’aller ici et aussi à Tarbes (ndlr : le tournoi des Petits As) pour voir l’évolution des filles dans les années qui précédent. Je vais suivre le tableau avec attention.
Le Rép. : On sait que le tennis féminin français est à la peine en ce moment. Est-ce que la relève est ici ?
P.P. : J’espère qu’elle sera ici ! On pourra en reparler plus tard, mais il est sûr que le tennis français féminin souffre depuis quelques années. On essaye de faire le nécessaire pour qu’il y ait de nouveau des jeunes filles qui soient repérées, entraînées et accompagnées au mieux pour justement les aider dans leur carrière. Mais c’est vrai que ça prend du temps. Il y a un trou générationnel, donc il faut repartir sur les plus jeunes et mettre des choses en place pour que ça reparte.
Le Rép. : Comment expliquez-vous d’ailleurs le petit creux auquel on assiste ?
P.P. : C’est dur à expliquer. Je n’étais pas là. Je jouais encore, donc je n’avais pas forcément toutes les infos. Il y a eu des politiques sportives qui ont été différentes d’aujourd’hui. Le niveau d’exigence a augmenté un peu partout. Aujourd’hui, les filles jouent très bien, il y en a encore plus qu’avant, à l’étranger en tout cas. Il y en a beaucoup plus qu’à mon époque. C’est plus difficile de réussir aujourd’hui. Il faut élever les critères et le niveau d’exigence dès le plus jeune âge.
Le Rép. : Ça fait maintenant cinq ans que vous avez rangé votre raquette, quel bilan vous tirez de votre carrière ?
P.P. : C’était une belle aventure. Ça m’a apporté énormément de choses et de rencontres. C’est beaucoup de sacrifices, mais ce n’est vraiment que du positif qui en ressort. J’ai vécu plein de belles choses. Il y a des choses sur lesquelles je me dis que j’aurais pu faire différemment. Si j’avais compris certaines choses plus tôt… Mais c’est des timings de vie qui font que ça se passe à ce moment-là. En tout cas, j’ai vraiment adoré toute cette période de ma vie et je suis contente aujourd’hui de rester dans ce milieu-là et de pouvoir essayer d’aider les jeunes à les accompagner dans leur carrière.
Le Rép. : Quels sont vos meilleurs souvenirs passés sur le circuit ?
P.P. : L’année où je fais un huitième de finale à Roland-Garros en 2014 (ndlr : éliminé en deux sets 6-4, 6-2 par l’Espagnole Garbiñe Muguruza). En individuel, c’est mon plus grand souvenir. En équipe, c’est la victoire en Fed Cup en 2019 avec l’équipe de France (ndlr : victoire au double décisif en Australie). Ce sont les deux plus gros moments de ma carrière qui restent en termes d’émotions avec les moments partagés en équipe, avec le public, la famille et les amis. C’est ça qui ressort après cinq ans.
Le Rép. : Est-ce que le tennis vous manque ?
P.P. : Euh (elle soupire). Ça ne peut pas trop me manquer car je suis encore dedans tous les jours. En tout cas, ça ne me manque pas d’être sur le circuit et de voyager. Après, je joue avec les jeunes quand elles sont au CNE. J’aime bien être face à elles pour voir leurs qualités de frappe, etc. Mais tout ce qui est compétition, ça ne me manque pas. Aujourd’hui, j’ai un petit garçon de
2 ans, je profite de lui. C’est une vie totalement différente, mais c’est tout aussi bien. »
Propos recueillis par Jérémy Andrieux