Evry-Courcouronnes : une cérémonie douce-amère pour dire adieu à la dalle du Parc aux Lièvres

Elus et décideurs ont fait tout leur possible pour ménager la nostalgie des riverains, tout en justifiant du bien-fondé de l’opération.

« J’avais ma grand-mère dans ces immeubles, ma tante, des amis… Tout ici me ramène à mon passé, mais il faut aller de l’avant », pouvait-on entendre dans la foule rassemblée, mardi 15 octobre, au niveau du rond-point du Parc au Lièvres à Evry-Courcouronnes. Comme rarement, une certaine mélancolie régnait sur la cérémonie organisée ce jour-là pour marquer la fin de la démolition de la fameuse dalle du Parc aux Lièvres, lieu emblématique de la ville nouvelle d’Evry, l’un de ses tout premiers quartiers.

Dans un petit film diffusé en préambule des prises de parole officielles, on entend même la voix d’un jeune homme, présenté comme ayant grandi sur cette dalle, critiquer ouvertement la décision : « Moi, j’aurais laissé ça tel quel. Mais apparemment, on n’a pas notre mot à dire, c’est un peu du mépris… »

« On peut comprendre la nostalgie, mais cela ne peut pas nous empêcher d’avancer »

Un grand voile avait été installé d’un bord à l’autre de la route, afin de créer un effet « avant-après ».


Sur cette petite portion de la route départementale 91, un grand voile semi-transparent avait été déployé pour donner un effet assez saisissant « avant-après ». Sur le voile, une photo de l’axe tel qu’il était il y a encore quelques mois, c’est à dire muré sous la dalle, laissait transparaître la rue telle qu’elle est désormais, débarrassée de son toit. A la tribune, chacun a fait son possible pour ménager la nostalgie des riverains et anciens habitants, tout en défendant le projet dont cette démolition marque une étape symbolique.

Le maire, Stéphane Beaudet, a déclaré : « En tant qu’enfant de la ville nouvelle, j’ai moi aussi souvent parcouru le Parc aux Lièvres, mon père a même été le directeur de la maison de quartier installée sur la dalle. On peut comprendre la nostalgie voire l’amertume qu’expriment certains habitants. Mais cela ne peut pas nous empêcher d’avancer, nous, élus, qui avons le devoir de prendre des décisions à cinq, dix ou 20 ans afin d’assurer l’attractivité et le renouvellement de la ville. Si la démolition n’efface pas les bons souvenirs que nous avons sur cette dalle, nous ne pouvons ignorer non plus les problèmes auquel le quartier était confronté, sa dégradation, son insécurité… L’architecture sur dalle avec des quartier ultra-spécialisés, modèle sur lequel tout Evry a été construit, n’a pas marché. Nous nous devons prendre acte des résultats de cette expérimentation pour faire de la « ville-laboratoire » une véritable ville. »

Les immeubles bientôt démolis pour laisser place à 900 nouveaux logements


Alors que toute la commune d’Evry-Courcouronnes se transforme depuis plusieurs années au fil de nombreux projets de réaménagements urbains, le cas du Parc aux Lièvres entre en réalité dans un cadre plus vaste, et déjà entamé avec par exemple l’implantation de nouveaux services publics, qui concerne également le quartier du Bras de Fer. Si les immeubles qui entouraient la dalle doivent être démolis au cours de l’année à venir, 900 nouveaux logements doivent également être créés, avec l’ambition « d’augmenter la mixité de l’habitat » (le Parc aux Lièvres comptait 1 200 logements, dont 870 sociaux). Outre cet enjeu, la municipalité assure également œuvrer pour le cadre de vie, notamment avec la plantation de plus de 400 arbres dans le secteur.

Thibault LE VOT
Thibault LE VOT
Journaliste dans le nord de l'Essonne.