Ancienne infirmière, Lesly-Ann continue de prendre soin des autres avec des livres

Portrait : Lesly-Ann Martins de Sa a ouvert sa boutique le 2 septembre dans la galerie commerciale de Saint-Germain-lès-Corbeil. Chez « L.a librairie gourmande », on trouve des livres, un espace salon de thé, des clubs de lecture

« Heureusement qu’il y a des personnes comme elle qui font vivre la galerie. Elle connaît son sujet, elle a le sourire, elle a tout pour elle. C’est une merveille », s’exprimait une cliente, samedi 7 octobre. On vous en parlait brièvement dans l’édition du jeudi 7 septembre : la galerie commerciale de Saint-Germain-lès-Corbeil inaugurait samedi 2 septembre « L.a librairie gourmande »*. Celle-ci est gérée par Lesly-Ann Martins de Sa, une Péréenne de 32 ans. Passionnée de lecture, cette mère de deux enfants a débuté sa carrière professionnelle dans le secteur médical.

Née à Evry en 1991, Lesly-Ann est restée dans la ville préfecture jusqu’à ses 18 ans. « Je me promenais souvent à l’Agora, j’allais aussi dans une librairie à Corbeil : Le verger des muses [ndlr, elle a fermé ses portes]. » Cet amour de la lecture lui a été transmis par ses parents. Son père, surtout. « Le premier livre que j’ai lu était Un été sans miel. J’avais 13 ans, je lisais dans mon bain« , raconte Lesly-Ann, qui se remémore encore l’odeur du savon. « Cette histoire de fuite des deux enfants, je m’en souviens comme d’un film. A ce moment-là, je me suis dit qu’on pouvait être nos propres metteurs en scène. »

Unique librairie de la ville

Fille d’un père ingénieur à son compte et d’une mère assistante de direction, Lesly-Ann rêve de devenir chirurgienne. Après un stage de troisième dans l’établissement qui l’a vu naître (la clinique de l’Essonne), elle décide finalement de devenir infirmière. Le concours de l’Institut de formation en soins infirmiers réussi, elle débute alors son cursus, qui l’amènera à Nice avant de revenir en région parisienne. « J’ai adoré mes dix années en tant qu’infirmière [ndlr, de 2013 à 2023]. J’ai travaillé aux urgences, en réanimation, en cancérologie, au bloc opératoire… Je n’aime pas m’ennuyer !« , détaille celle qui a prodigué des soins dans bon nombre d’établissements du coin (clinique du Mousseau à Evry-Courcouronnes, hôpital privé Claude-Galien à Quincy, groupe hospitalier Les cheminots à Ris-Orangis, centre hospitalier intercommunal de Villeneuve-St-Georges dans le 94…). D’une grande sensibilité, Lesly-Ann a été contrainte de mettre fin à sa carrière suite à un événement qu’elle ne souhaite pas exposer. Le moral au plus bas, ses lectures la réconfortent. Tout doucement, l’idée d’ouvrir une librairie va pointer le bout de son nez. Alors en vacances au Capbreton (40), Lesly-Ann, qui adore faire les marchés, tombe sur le stand de Marion Du B’, une autrice qui a écrit une série de bouquins sur la thérapie par le rire. « J’ai acheté les sept livres. J’avais vraiment le sentiment qu’ils parlaient de moi. » Six mois plus tard, sur les conseils de son entourage, Lesly-Ann tente l’hypnothérapie. «Je n’y croyais pas mais j’ai été tout de suite réceptive. L’hypnothérapeute m’a demandé d’ouvrir les portes de mon lieu refuge, et c’était une librairie, un mélange entre You [ndlr, une série Netflix] et Harry Potter. » Pour son bien-être, Lesly-Ann devait être en librairie.

« Je ne conçois pas de vendre des livres que je ne connais pas »

Environ trois mois plus tard, celle qui est aussi fan de cuisine fait un tour dans cette galerie commerciale de Saint-Germain-lès-Corbeil. Le local qu’elle occupe aujourd’hui hébergeait un marchand de presse – librairie, qui était sur le départ. Elle décide donc de le reprendre. Une fois le plan d’affaires rédigé et l’étude de marché réalisée, Lesly-Ann en parle aux commerçants de la galerie. « Je me suis rendue compte que mon projet n’était pas si lunaire que ça !« , plaisante-t-elle. Après quelques travaux (plafond, peintures et sol), Lesly-Ann ouvre la seule librairie de la ville (et plus largement de St-Pierre et de Saintry). Romans, thrillers, policiers, littérature française et étrangère, livres auto-édités, ouvrages historiques, mangas, manuels scolaire, bandes dessinées… Sa librairie généraliste compte pas moins de 5 000 références, que la gérante connaît sur le bout des doigts. « Je lis énormément, je ne conçois pas de vendre des livres que je ne connais pas. » Sans oublier les trois clubs de lecture (bientôt quatre) et l’espace salon de thé, grâce auquel on peut déguster boissons chaudes et gâteau du jour.

* Elle a choisi ce nom afin d’éviter la confusion avec une autre librairie située à Paris.