Le mouvement social, débuté en janvier dans toute la France, commence à faire écho chez la jeunesse essonnienne. Les étudiants de la Faculté d’Evry s’organisent, tandis que les lycéens de Corbeil-Essonnes sont déjà passés à l’action.
« A l’époque, je m’étais engagée contre la réforme du CPE […] Elle n’a jamais été appliquée« , se souvient Farida Amrani, députée (Nupes) de la première circonscription de l’Essonne. Elle était présente à la Faculté d’Evry jeudi 23 mars, aux côtés de son collègue Louis Boyard, à l’occasion d’une conférence co-organisée par l’Union nationale des étudiants de France. De retour sur les bancs pour encourager les étudiants à se mobiliser, c’est tout naturellement qu’elle a évoqué les importantes manifestations contre le « contrat première embauche », qui datent de 2006, et qui avaient mené à l’abandon de la loi. Au total, ce sont plus de 150 étudiants qui étaient rassemblés pour les écouter. « Cela me fait plaisir de voir cet amphithéâtre plein, il est plus vide d’habitude« , a commenté Véronique Billat, professeure en STAPS.
« Se battre pour le système des retraites, c’est aussi se battre contre la précarité étudiante« , s’est adressé à eux Louis Boyard. Le député du Val-de-Marne, dont la popularité est montée en flèche suite à un passage sur C8, estime que « les gens vont devoir travailler plus longtemps, donc il y aura moins d’emploi pour les jeunes » et pour ceux qui auront un emploi, « leurs salaires seront plus bas, car ils auront moins d’expérience que les candidats plus âgés« . Une logique certes discutable, mais qui a poussé les jeunes à se décider à s’engager. La conférence s’est transformée en assemblée générale, dans l’idée de prévoir des actions sur place. A la question, « Qui est pour bloquer la fac ?« , une majorité de mains s’est levée. Ils n’ont plus qu’à s’organiser.
Un lycée bloqué à Corbeil-Essonnes
Au lycée Doisneau, à Corbeil-Essonnes, la mobilisation se met en place. Jeudi 23 et vendredi 24 mars, des élèves bloquaient l’entrée dès 7h30. « L’idée est de lier les actions des lycées et des facs ensemble« , expliquait une jeune de terminale. La zone aux abords du lycée étant en travaux, les jeunes ont saisi le mobilier, notamment les barrières, afin de s’en servir pour bloquer les portes. Des pancartes, sur lesquelles ont été inscrits des slogans, ont été installées sur les grilles et une sono a été posée au sol. « Faut pas lâcher ! Etre citoyen, c’est ce que vous faites : se poser des questions, discuter, argumenter… Ecrivez vos revendications !« , les a encouragé au mégaphone Benoît Grisaud, professeur d’Histoire-géographie.
Elsa Touré, adjointe au maire en charge de la Jeunesse, est passée soutenir le mouvement. « N’hésitez pas, bloquez le lycée ! […] Cela fait des années que Macron méprise la jeunesse. » Lancé à l’initiative d’une poignée de lycéens, ce blocus « laissait passer les étudiants en BTS et le personnel de l’établissement« , ont précisé les élèves, qui ne savent pas pour le moment quelle suite donner. Aucun dégât n’a été déploré. Les forces de l’ordre étaient à proximité.