Depuis près d’un an, une cinquantaine de restaurateurs travaille sur la vingtaine de tableaux qui habillait l’église Notre-Dame de Paris, dévastée par un incendie le 15 avril 2019. Ces œuvres sont stockées par une entreprise essonnienne. Mardi 6 septembre, la ministre de la Culture était de passage dans l’entrepôt.
« Finalement, on ne les verra jamais d’aussi près. A Notre-Dame, les œuvres ont de la hauteur… Quelque part, c’est une chance. » Mardi 6 septembre, une myriade d’élus, dont la ministre de la Culture Rima Abdul Malak, le préfet de l’Essonne, Bertrand Gaume, ou encore l’édile de Bondoufle, Jean Hartz, s’est réunie dans un entrepôt* qui avait des allures de musée. Parce qu’elle a remporté l’appel d’offres, depuis près d’un an, l’entreprise essonnienne Bovis stocke la vingtaine de tableaux qui habillait l’église Notre-Dame avant son incendie du 15 avril 2019.
« On a été appelé le lendemain […] afin de descendre toutes les œuvres qui étaient accrochées et qui étaient, pour la plupart, située dans des endroits assez dangereux, parce qu’il y avait des bouts de bois et la structure qui menaçaient de s’effondrer dessus« , raconte Alexandre Bovis, directeur de Bovis Fine Art. Depuis onze mois, une cinquantaine de restaurateurs se relaie pour leur redonner une seconde jeunesse, avant leur retour dans l’église dont la réouverture est prévue pour 2024. Parmi les œuvres concernées : « Les 13 fameux Mays commandés par la corporation des Orfèvres parisiens entre 1630 et 1707« , fait savoir Laurent Roturier, directeur de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) d’Ile-de-France. Une restauration « due au vieillissement naturel des matériaux et non en raison de l’incendie« , précise la DRAC.
Une restauration minutieuse
Pour rendre l’opération possible, un chantier d’aménagement a été réalisé en six semaines, afin de créer des installations « à la hauteur de ce chantier exceptionnel« . Sont ainsi sortis de terre une réserve de 330 m2, avec un rack de rangement de tableaux, ainsi que deux ateliers. « La surface des installations représentent deux terrains de handball« , déclare la DRAC.
La restauration s’effectue en plusieurs étapes : le constat, la séparation du cadre et de l’œuvre pour procéder à la restauration fondamentale de la couche picturale, puis celle de la restauration fondamentale du support, suivie du nettoyage et de la consolidation, avant la réintégration picturale et le vernissage. Mais « si le restaurateur est seul avec ses outils, la réflexion est commune« , a signalé Cinzia Pasquali, conservatrice-restauratrice d’œuvre d’art, qui témoigne d’une excellente collaboration, des loupes relevées sur le front. Membre du groupement « Arcanes », Cinzia a, aux côtés de quatre autres restaurateurs, dont une apprentie, la responsabilité de sept tableaux. « La nuit, vous devez rêver de ces œuvres« , a plaisanté la ministre de la Culture.
Une autre commune de l’Essonne concernée par le chantier
Par ailleurs, notez que des laboratoires du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de Gif-sur-Yvette sont aussi impliqués dans le chantier, cette fois-ci scientifique, de Notre-Dame. Leur mission : « réaliser un travail de recherche sur la mémoire de la cathédrale et accompagner le grand chantier de restauration mené par les architectes et compagnons« , explique le CNRS. Le retour de leurs travaux est à découvrir dans le livre « Notre-Dame de Paris, la science à l’œuvre », publié le 8 septembre. « Ce livre, illustré d’images exceptionnelles, permet de comprendre comment Notre-Dame a été pensée, bâtie, restaurée au fil des siècles en revisitant notre connaissance du monument à chaque période de son histoire« , détaille le CNRS à propos de l’ouvrage.
*Pour des raisons de sécurité, l’adresse précise de l’entrepôt où sont stockées les œuvres n’est pas précisée.