Le Saclasien est un amoureux de la nature et s’y consacre depuis son plus jeune âge.
Jean-Pierre Morizot a consacré sa vie à la nature qui le fascine par sa beauté. Et à l’âge de 71 ans, il continue de s’y consacrer avec passion au quotidien. Mais comment pouvait-il en être autrement pour ce fils et petit-fils de cressiculteur. C’est bien ce que le destin avait tracé pour Jean-Pierre. Pourtant, son père André a essayé de l’en dissuader. « Il ne voulait pas que je fasse ce métier. J’ai fait un CAP horticulture, et finalement un jour mon père m’a dit “si vraiment ça t’intéresse on va te trouver une cressonnière” », se souvient-il.
Quarante ans dans la cressiculture
C’est comme ça qu’en 1969, à l’âge de 18 ans, Jean-Pierre Morizot devient cressiculteur à son compte. Il était encore mineur, la majorité n’étant alors qu’à 21 ans. Les cressonnières de Courcelles à Méréville, de Boigny à Baulne, puis de Fouville à Saclas sont celles où Jean-Pierre exercera au cours de sa vie professionnelle. « C’est un métier difficile, où l’on passe énormément de temps. Il faut livrer les produits à Rungis à 4h du matin, et ensuite travailler dans les cressonnières le reste de la journée », explique-t-il.
Mais Jean-Pierre Morizot est amoureux de son travail et y consacre tout son temps. « C’est passionnant de voir la plante évoluer. Le travail est difficile, prenant de septembre à avril-mai pendant la saison. Et, le reste de l’année, il y a le nettoyage des cressonnières, les semences à faire », confie-t-il. Mais son travail, il le connaît sur le bout des doigts et n’a rien oublié. Avec son père André, il a agrandi la cressonnière de Fouville. « C’est une bande avec des retours que nous avons fait ensemble. C’est un travail difficile et précis. Il faut une pente d’1 cm tous les 10m », précise Jean-Pierre.
Alors que l’heure de la retraite approche, amoureux de son territoire, Jean-Pierre décide de se lancer dans des projets qui vont lui permettre de faire des rencontres déterminantes. Collectionneur invétéré de cartes postales anciennes, il organise successivement des expositions sur les 100 ans de la voie ferrée qui passe par Saclas, sur La Poste dans la ville et les alentours, puis sur les rues de Saclas. C’est en faisant des photos pour sa première exposition qu’il rencontre par hasard sur un chemin un garde-forestier. Celui-ci répertorie les plantes sauvages.
Un déclic pour Jean-Pierre Morizot qui commence à prendre des photos de la nature. Il se souvient encore de l’orchidée qui se trouvait sur sa cressonnière de Baulne et qui avait donné 7 fleurs. Il prend aussi des photos du travail agricole. Il arpente le canton avec son appareil argentique et son escabeau pour faire de belles photos. « J’ai passé beaucoup de bons moments et rencontré beaucoup de gens intéressants », se souvient-il. Surtout, il se fait rapidement connaître et devient un peu le photographe officiel du canton de Méréville.
Il participe à des chantiers nature, notamment de l’association NaturEssonne, et devient adhérent de celle-ci en 2012. « Cela m’a permis de rencontrer des gens compétents, compétents dans tous les domaines et notamment la botanique », explique Jean-Pierre. Car si sa collection de photos était conséquente, il ne savait pas toujours quelles espèces il avait immortalisées.
En 2015, Jean-Pierre Morizot va cependant se découvrir une nouvelle passion. Lucile Ferriot, jeune chargée de mission au sein de NaturEssonne souhaite réaliser des inventaires des lépidoptères sur le site Natura 2000 des pelouses calcaires du Gâtinais. Jean-Pierre Morizot est tout de suite de la partie et se lance à la chasse, photographique, aux papillons avec elle.
Mille papillons, dont des raretés, immortalisés
A raison de 2 à 3 chasses par mois, ils mettent à jour l’inventaire réalisé une quinzaine d’années auparavant. Gérard Luquet, entomologiste du Muséum d’histoire naturelle est aussi de la partie. La traque a duré durant deux ans pour cet inventaire, mais Jean-Pierre ne s’est pas arrêté. « La chasse aux papillons, c’est devenu ma drogue, et quand je ne peux pas y aller, je suis malheureux », avoue-t-il. Dès que la météo le permet, un ciel couvert et des températures pas trop froides, Jean-Pierre sort donc avec son matériel. Des sorties nocturnes, car ce sont les papillons de nuit qui comportent le plus d’espèces différentes.
En sept ans, « j’ai photographié entre 970 et 975 espèces de papillons de nuit, et 68 espèces de jour », précise-t-il. Et parmi ceux-ci, il y a « des raretés ». Certains qu’il n’a vu qu’une ou deux fois. « J’ai vu des papillons uniques, dont on dit qu’ils ne sont pas présents dans les deux tiers de la France, ou qu’on croit avoir disparu du territoire », souligne-t-il. En sept ans, il est devenu un spécialiste de la chasse aux papillons, sortant sur des territoires différents, où les milieux naturels, les essences d’arbre varient. Il sait aussi être patient. Une soirée de chasse commence vers 22h et se finit vers 5h du matin. « C’est souvent dans la dernière heure, après 30 ou 40 minutes à attendre, que l’on voit une rareté », s’enthousiasme-t-il.
Après chaque sortie et les centaines de photos, il inventorie méticuleusement non seulement les papillons, mais aussi les chenilles, un travail de titan qu’il fait par amour de ce qui est beau, sans autre récompense que l’émerveillement qu’il en tire chaque jour.