Rugby (dans le rétro, 2/4) : Massy au septième ciel

Le RC Massy-Essonne dispute ce dimanche (19h au stade Jules-Ladoumègue) contre le SC Albi la demi-finale retour de Nationale. Battus 21-9 à l’aller, les Massicois doivent s’imposer d’au moins treize points pour décrocher leur billet pour le ProD2. S’ils y parviennent, ce serait la quatrième montée du club à ce niveau en dix ans.

Jusqu’à samedi, nous vous proposons de remonter le temps à travers les quatre précédentes épopées du RCME en demi-finales de Fédérale 1. Après la tragédie de Périgueux en 2011, retour aujourd’hui sur la montée historique en 2012.

Dimanche 3 juin 2012. Les larmes ont encore coulé sur les visages des joueurs du RC Massy-Essonne. Mais cette fois, elles n’étaient pas amères. Un an après la cruelle désillusion de Périgueux, les Massicois ont vécu un nouvel ascenseur émotionnel à l’issue d’une double confrontation contre Lille Métropole Rugby extrêmement serrée qui a tourné à leur avantage.

A l’aller, le 26 mai, il s’en est fallu de peu pour que les Massicois repartent du Nord avec une défaite. Mais grâce à Aristide Barraud, auteur de la pénalité de la gagne dans les arrêts de jeu (21-20), les Bleus et Noirs ont arraché la victoire in extremis. Entré à vingt-huit minutes de la fin, l’ancien joueur du Stade Français s’est de nouveau montré décisif dans l’exercice des coups de pied (100 % de réussite pour deux pénalités et une transformation), faisant basculer l’issue de la rencontre en faveur de son équipe alors qu’elle était menée 17-8 au début de la deuxième période. Sur un rebond capricieux qui piégea le Lillois Gerber, c’est d’ailleurs lui qui récupéra le ballon avant d’envoyer Christophe Desassis à l’essai. Le 3e ligne du RCME, qui fêtait ce jour-là ses 23 ans, était sur un petit nuage. Ce n’est rien comparé à ce qu’il va vivre une semaine plus tard à Massy lors du match retour. « Ça a été fou. Je n’avais jamais vu autant de monde au stade Jules-Ladoumègue », se souvient l’actuel entraîneur de Mauléon (Féd. 1).

Le 2e ligne tonguien Fakataha Molitika délivre son équipe en inscrivant l’essai de la victoire à la 77e minute de jeu. ©Bata Gluvacévic

4 500 spectateurs étaient venus assister au match de la montée, qui aurait pu se terminer sur une nouvelle déception. A quatre minutes du temps réglementaire, c’est en effet Lille qui est en position d’accéder au ProD2 après un essai de l’Anglais Scarbrough (9-13, 65e) qui crée la stupeur dans les travées du Ladoumègue. « Quand on prend cet essai, on se sent vide, c’est fini. Mais en l’espace de dix minutes, on revit grâce à l’essai de « Moli » », raconte Grégory Coudol. Le 2e ligne tonguien Fakataha Molitika délivre les siens sur un essai tout en force initié par le pack massicois et transformé par Benoit Bonetti (16-13, 77e). « J’ai failli faire un arrêt cardiaque », soufflait Jérôme Guedj, le président du Conseil général de l’époque, passé par toutes les émotions après une rencontre âpre et indécise. « Ça a été un gros combat », estimait le pilier géorgien Davit Ashvetia, dont le front portait encore les stigmates. « On est allés chercher cette montée au mental », savourait le 2e/3e ligne César Delarue, l’une des bonnes pioches de cette saison historique.

Les deux Vincent, Dupond, président de l’association RCME, et Delahaye, sénateur-maire de Massy, ivres de bonheur après la rencontre. ©Bata Gluvacévic

Des centaines de supporters ont envahi la pelouse du Ladoumègue pour communier avec leurs héros pendant près d’une heure, prolongeant au maximum cet instant historique pour le RCME. Accolades, embrassades, pleurs, l’émotion a submergé joueurs, entraîneurs et dirigeants. Jeff Dubois, l’entraîneur, est porté en triomphe puis c’est Vincent Dupond, le président de l’association RCME, qui est soulevé à son tour par une marée humaine. En larmes, Frédéric Grossi, le manager de l’équipe senior, est incapable de prononcer un mot, comme de nombreux joueurs. Entouré de ses proches et de quelques amis, Jordi Rougé, très ému, mettra plusieurs minutes avant de donner ses impressions « On s’est fait peur à cause de moi quand je prends ce carton jaune en début de deuxième période pour une faute stupide. Heureusement, on n’a jamais douté. On savait qu’on pouvait marquer à n’importe quel moment », confiait l’actuel entraîneur de Saint-Malo (Féd. 3).
Heureux comme un gosse, Jeff Dubois pouvait décompresser après un match tendu. « On a montré beaucoup d’envie et de cœur car, sur le plan du jeu, on n’a rien su mettre en place, analysait l’ancien ouvreur du Stade Toulousain et du Racing. Paradoxalement, c’était notre plus mauvais match de la saison, stratégiquement, offensivement. Et contrairement à ce que pensait l’entraîneur lillois (ndlr : Pierre Chadebech), on a pu voir l’importance de jouer une demi-finale retour à domicile. »

Malgré la difficile épreuve que traversait le 2e ligne sud-africain Nicky Smit, atteint d’une tumeur au cerveau, ce dernier était venu encourager ses partenaires (ici Shalva Sutiashvili et Ashley Clarke) avec lesquels il a fêté la montée en ProD2. ©Bata Gluvacévic

La montée acquise, joueurs, entraîneurs, dirigeants et supporters ont prolongé la fête toute la soirée voire toute la nuit pour certains. Même Florent Maleville a participé à la fête, lui qui ne sera resté que six minutes sur le terrain avant de sortir définitivement à la suite d’un mauvais choc à la mâchoire dans un regroupement, qui lui a valu deux dents déchaussées. Conduit à l’hôpital de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), le capitaine emblématique du RCME en est ressorti vers une heure du matin. « Il ne pouvait même pas boire de bière à cause de son « grillage » sur les dents », racontait son ami et ancien coéquipier Grégory Coudol cette semaine dans Le Républicain de l’Essonne.

Aymeric Fourel

Retrouvez notre troisième volet vendredi soir sur www.le-republicain.fr : « Massy retourne au paradis » en 2014.

Aymeric Fourel
Aymeric Fourel
Rédacteur en chef adjoint des Sports au Républicain de l'Essonne.