Judo [championnats du monde] : Les Jeux dans le viseur

Dernier rendez-vous avant les Jeux, les championnats du monde s’inscrivent dans la préparation olympique mais seulement six des treize sélectionnés tricolores y prendront part. Parmi eux, les trois judokas de la FLAM 91, Shirine Boukli, Kilian Le Blouch et Alexandre Iddir.

Un record. Huit Essonniens seront du déplacement de l’équipe de France de judo à Budapest (Hongrie) où vont se tenir, du 6 au 13 juin, les championnats du monde. Si trois d’entre eux, Joan-Benjamin Gaba (-73 kg, JC Chilly-Mazarin/Morangis), Francis Damier (-90 kg, FLAM 91) et Cédric Oivar (+90 kg, Sainte-Geneviève Sports) n’ont été retenus que pour disputer la compétition par équipe mixte en clôture des mondiaux, les cinq autres seront engagés en individuel.

Boukli finalement sélectionnée
Ils auraient dû être quatre car Shirine Boukli (-48 kg) n’avait pas été sélectionnée initialement. Mais à l’issue du Grand slam de Kazan (Russie), début mai, où elle s’était classée 5e – blessée à la cuisse, elle n’avait pu disputer le combat pour la médaille de bronze –, la pensionnaire de la Force Longjumeau Alliance Massy 91 a reculé à la 9e place de la ranking olympique, perdant son statut de tête de série pour les Jeux (réservé aux huit premières) au profit de la Portugaise Catarina Costa. « L’objectif est d’aller chercher des points pour être tête de série », lance la championne d’Europe 2020, qui se fait une joie de disputer ses premiers championnats du monde seniors : « C’est génial car je voulais les faire. Je les prends comme les championnats d’Europe où je ne devais pas participer. Je vais y aller, je vais foncer. Ce n’est pas l’objectif premier, ce sont les Jeux avant tout. Ces mondiaux vont me servir de préparation mais je n’y vais pas pour m’amuser. Je veux décrocher le titre. » L’occasion pour elle de s’étalonner une dernière fois face aux meilleures, même si l’Ukrainienne Bilodid et la Japonaise Tonaki, respectivement n°2 et n°3 mondiales, seront absentes. « J’aimerais prendre des filles que je n’ai pas encore affronté sur le circuit. Il y en a encore pas mal. J’aimerais aussi retrouver la Mongole Munkhbat (n°4) que j’ai combattue une seule fois (défaite au Paris Grand Slam 2020), confie Shirine Boukli, sereine à l’approche des Jeux. J’ai un statut à défendre. Mentalement, je suis peut-être au-dessus de mes adversaires. Je suis jeune aussi (ndlr : 22 ans), encore un peu innocente, avec beaucoup de fougue. Ça m’aide à ne pas avoir de pression. J’en ai jamais ressenti jusque-là. Pourquoi j’en aurais maintenant ? Il faut continuer comme ça. »

Kilian Le Blouch reste sur une 5e place au Grand Slam d’Antalya
début avril. ©Gabi Juan/EJU

Le Blouch vise une médaille mondiale
Deux mois après l’annonce de sa sélection olympique, la « Flamiste » ne réalise d’ailleurs pas encore. « J’ai certes ma sélection pour les Jeux, je me prépare avec les filles de l’équipe de France, mais tant que je n’y serai pas je ne réaliserai pas, explique-t-elle. Même si je suis championne d’Europe j’ai besoin de prouver encore et encore. » Shirine Boukli débutera la compétition ce dimanche comme son camarade de club, Walide Khyar, engagé chez les moins de 60 kg (lire encadré ci-contre). Le lendemain, ce sera au tour de Kilian Le Blouch (-66 kg),
de faire son entrée. Huit mois après un premier podium européen (3e), le directeur technique de la FLAM espère décrocher sa première médaille mondiale. « Même si ces championnats du monde arrivent un mois et demi seulement avant les JO (24-31 juillet), ça reste une compétition pour laquelle tu te prépares, avec un vrai pic de forme, et que tu ne prends pas à la légère. Il y a un titre et des médailles en jeu. Ce n’est pas une compétition de seconde zone. Il n’y a qu’à voir le niveau des engagés. » Au sortir d’un stage à Alicante (Espagne), Kilian Le Blouch se sent bien physiquement : « J’ai fait un gros travail physique depuis le Grand slam d’Antalya (Turquie), début avril. Il faut maintenant laisser la place à la récupération et être prêt dans la tête. Le travail est fait, il n’y a plus qu’à. »

Alexandre Iddir était monté sur la troisième marche du podium lors des championnats d’Europe de Lisbonne. ©Rui Telmo Romao/EJU

Iddir « soulagé »
« Soulagé » après sa médaille de bronze aux derniers championnats d’Europe de Lisbonne – « car ça faisait un petit moment que je n’avais pas « perfé » » –, Alexandre Iddir (-100 kg) compte bien confirmer à Budapest. « Même si ces mondiaux sont englobés dans la préparation pour les Jeux, ils restent pour moi un objectif. Je vais donner mon maximum pour faire une médaille. Et à choisir entre les mondiaux et les Jeux, je prends tout ce qu’il y a à prendre », sourit le jeune papa. Une paternité qui a changé beaucoup de chose dans son approche des compétitions. « C’est difficile de quitter sa famille, du coup on fait en sorte de ne pas être parti pour rien. »

Aymeric Fourel

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Fontaine pour confirmation

Non retenu pour les Jeux olympiques, Walide Khyar (-60 kg) tente d’oublier sa déception en se préparant pour les championnats du monde. Mais pour le judoka de la FLAM, le sujet est encore sensible. A un confrère journaliste lui demandant comment il gère cette déception, ce dernier a botté en touche : « Je ne vois pas pourquoi on me pose cette question là, je suis sur les mondiaux, rien d’autres. Je vise la victoire comme sur toutes les compétitions. J’ai à cœur de faire une très belle compétition. Je n’ai pas de médaille mondiale, je compte bien revenir avec. »
Pour Léa Fontaine (+78 kg), il s’agira de confirmer sa médaille d’argent obtenue le 18 avril dernier à Lisbonne. « Je suis dans le même état d’esprit qu’aux championnats d’Europe, lance la pensionnaire de Sainte-Geneviève Sports. Je n’ai aucune pression. Le jour-J, il faudra tout donner, répondre présent. » Malgré son jeune âge (ndlr : 19 ans),
la native de Saint-Denis (La Réunion) a bien l’intention de marquer à nouveau les esprits pour sa deuxième grande compétition chez les seniors. « Larbi (ndlr : Benboudaoud, le nouveau directeur de la haute performance de la Fédération française de judo) me répète souvent. Si on peut tout prendre maintenant, on prend tout maintenant. » – A.F.

Aymeric Fourel
Aymeric Fourel
Rédacteur en chef adjoint des Sports au Républicain de l'Essonne.