La Fédération Française de Football vient d’annoncer que les clubs amateurs encore qualifiés en Coupe de France peuvent poursuivre la compétition. Mais le 6e tour, pour lequel Fleury (N2), Sainte-Geneviève (N2) et Linas/Montlhéry (N3) sont en lice, aura lieu dès le week-end des 30 et 31 janvier avec un protocole sanitaire strict. Une décision qui passe mal.
« D’un côté, c’est très positif, car on attendait ce retour à la compétition. Mais de l’autre, cela pose question. » Le président du FC Fleury 91, Pascal Bovis, se montre assez partagé sur la décision de la Fédération Française de Football de faire disputer le 6e tour de la Coupe de France le week-end des 30 et 31 janvier après que le Ministère des Sports a autorisé les clubs amateurs encore qualifiés à reprendre les entraînements collectifs. « Il y a une incohérence entre les décisions prises par le Gouvernement et celles de la Fédération, estime Jean-Claude Fernandes, le directeur sportif de Sainte-Geneviève Sports. Ça fait trois mois qu’on ne peut pas s’entraîner car la situation sanitaire s’est dégradée, et là on peut reprendre la compétition alors que l’épidémie de Covid est en train de repartir à la hausse. C’est incompréhensible. » Et si les clubs sont autorisés à s’entraîner normalement, ils ne pourront pas disputer de match amical d’ici la Coupe de France, même contre une équipe encore qualifiée. « Cela ne fait que dix jours pour se préparer (ndlr : Fleury se rendra le dimanche (14h) à Mitry-Mory, pensionnaire de R2), c‘est un peu léger. Je suis inquiet pour la santé des joueurs qui n’ont plus disputé de compétition depuis fin octobre (ndlr : défaite 3-2 contre Châteaubriant lors d’un match en retard de National 2). On a déjà deux blessés graves (Lelevé et Sauvadet, victimes respectivement d’une rupture des ligaments croisés et d’une rupture du tendon d’Achille), je ne voudrais pas qu’on en ait d’autres si le championnat devait reprendre par la suite », prévient Pascal Bovis.
Bertansetti (président de Linas/Montlhéry) : « Les joueurs ne sont pas prêts »
Michaël Bertansetti, son homologue de l’ESA Linas/Montlhéry (N3), est du même avis. « C’est une décision difficile à comprendre. Les joueurs ne sont pas prêts pour jouer un match de 90 minutes. Certains ne s’entraînent plus depuis deux mois, les autres ont arrêté de s’entraîner depuis que le couvre-feu est passé à 18h. Encore une fois, les dirigeants de la FFF se fichent des clubs amateurs. J’aurais préféré qu’ils prennent leur courage à deux mains et qu’ils nous disent que l’on ne pouvait pas reprendre la Coupe de France au vu de la situation sanitaire. On l’aurait compris. » Alors que son entraîneur, Stéphane Cabrelli, a évoqué la possibilité de déclarer forfait contre les Lusitanos Saint-Maur (N2) – « plus sur le coup de la colère mais la discussion entre nous reste ouverte », dixit Michaël Bertansetti -, ce dernier s’interroge sur l’organisation de la rencontre (ndlr : prévue à huis clos le dimanche 31 janvier à 14h au stade Paul-Desgouillons de Montlhéry) en raison du protocole sanitaire que la FFF a imposé à chaque club recevant. « Je ne sais pas si l’on pourra remplir la totalité du cahier des charges car il est très strict et contraignant (lire par ailleurs). Rien que les tests-PCR, ça va être une galère pour que les joueurs les fassent avec les contraintes professionnelles de chacun et le couvre-feu. »
Pascal Bovis se montre également circonspect sur ce protocole, notamment les tests antigéniques qui seront pratiqués avant la
rencontre : « Qui les fait ? A destination de qui ? Des joueurs uniquement ? Le staff et les dirigeants sont-ils concernés ? Il faut que ce soit mieux défini. On a d’ailleurs une réunion avec la Fédération vendredi à ce sujet. » Le président de Fleury en profitera pour demander des explications sur les raisons qui ont poussé la FFF à faire jouer les amateurs avec aussi peu de préparation. Ce dernier a une petite idée comme Michaël Bertansetti : « On n’est pas dupes. On sait que le côté financier lié aux droits télé de la Coupe de France a été déterminant. Il est dommage qu’il se fasse au détriment de la santé des joueurs. » De là à déclarer forfait, le président de l’ESALM est moins catégorique que son entraîneur : « On va se laisser la semaine pour y réfléchir mais si on joue, je redoute les blessures car les joueurs et le staff sont des compétiteurs et voudront se qualifier pour le 7e tour. »
A Sainte-Geneviève aussi, le président Jean-Claude Murmann a émis l’hypothèse de ne pas jouer contre Créteil (ndlr : le match est prévu le samedi 30 à 14h au stade Léo-Lagrange) mais l’entraîneur Emmanuel Dorado et ses joueurs veulent défier le 4e du National. « Quand le match était programmé fin octobre, le rapport de force était de 60-40 en faveur de Créteil, estime Jean-Claude Fernandes. Cette fois, il est de 90-10 car, contrairement à nous, Créteil a continué de jouer. Comment peut-on imaginer que l’on soit prêt pour un tel match après trois mois sans entraînement. Il n’y a aucune équité sportive. »
Aymeric Fourel
Un protocole strict
Le 6e tour de la Coupe de France sera encadrée par un protocole sanitaire strict pour les clubs amateurs concernés mais « incontournable au regard du contexte sanitaire actuel », dixit la FFF dans un communiqué. Voici le détail de ce protocole :
- Tous les matches se dérouleront à huis clos
- Tous les matches seront fixés en début d’après-midi pour respecter le couvre-feu
- Tests PCR (2 à 3 jours avant le match) et antigénique (le jour du match) seront obligatoires
- Lien étroit avec les ARS et respect de leur recommandation
- Référent COVID dans chaque club
- Présence d’un médecin jour de match pour contrôler les tests PCR négatifs
- Limitation stricte des accréditations aux personnes ayant une fonction opérationnelle essentielle à l’organisation du match
- Renforcement des dispositifs d’hygiène individuels et collectifs
Compte tenu de l’absence de dates disponibles dans un calendrier très contraint par la crise épidémique, aucun match ne sera reporté pour cause de Covid. Si une équipe se trouve dans l’incapacité de participer à la rencontre du fait de la mise à l’isolement de tout ou partie de son effectif ou pour défaut de tests, celle-ci sera éliminée par forfait.